Réduction de l’influence ? Ultimatum du pape ? Pourquoi fallait-il réformer les statuts de l’Opus Dei ? Ce sont 3 des 9 questions auxquelles l’Œuvre a répondu dans un article reproduit ci-dessous.
L’Opus Dei a publié sur son site institutionnel une série de questions et de réponses concernant la présentation au pape de ses nouveaux statuts. Nous vous proposons ce contenu pour son intérêt et son actualité :
Pourquoi le Saint-Siège a-t-il demandé une adaptation des statuts ?
La révision des statuts de l’Opus Dei s’inscrit dans le cadre d’une réforme plus large de la Curie vaticane. En 2022, le pape François a promulgué la constitution apostolique Praedicate Evangelium, qui réforme la Curie romaine et met l’accent sur son service missionnaire. Dans le cadre de cette réforme, le rôle de certains dicastères a été réorganisé ; entre autres changements, le Dicastère pour le clergé a assumé la compétence pour les prélatures personnelles. Quelques mois plus tard, le pape François a promulgué le motu proprio Ad charisma tuendum et en 2023, un autre motu proprio « Sur la modification des canons 295-296 concernant les prélatures personnelles ». Ces deux motu proprio impliquaient la mise en conformité des statuts avec leurs dispositions. Dans Ad charisma tuendum, il est établi que « les statuts propres de la prélature de l’Opus Dei seront adaptés, sur proposition de la prélature elle-même, pour être approuvés par les organes compétents du Siège apostolique ».
Qui est compétent pour modifier les statuts de l’Opus Dei ?
Le Saint-Siège est compétent aussi bien pour modifier les statuts que pour introduire de nouveaux préceptes qui peuvent être formulés à la demande du Congrès général de l’Opus Dei (cf. statuts, n. 181). Lorsque l’initiative vient de la prélature, afin de garantir la certitude juridique de la nécessité de ces changements, les statuts prévoient qu’ils soient proposés et ratifiés au cours de trois congrès généraux (n. 181, § 3). Dans le cas présent, puisque c’est le Saint-Siège qui a demandé la proposition de modifications, la procédure et les délais prévus au n. 181, § 3 ne s’appliquent pas.
Quel a été le rôle du Congrès général ordinaire qui s’est tenu à la fin du mois d’avril 2025 en ce qui concerne les statuts ?
Sur proposition du Dicastère, les statuts proposés devaient être présentés aux membres du congrès, comme l’avait indiqué le prélat. Cependant, la situation de vacance a fait que le Congrès général (qui avait été convoqué huit mois à l’avance) a été réduit au renouvellement des bureaux correspondants, comme l’a expliqué le Prélat dans son message du 21 avril.
En ce qui concerne les statuts, les congressistes ont donné leur avis positif pour que le prélat – avec ses nouveaux conseils – envoie au pape, par l’intermédiaire du Dicastère pour le clergé, la proposition qu’il juge la plus appropriée, en tenant compte de toutes les suggestions déjà reçues du Congrès général extraordinaire de 2023 et de la consultation préalable de tous les membres de l’Opus Dei.
Quel processus a été suivi pour l’adaptation des statuts et quelles sont les prochaines étapes ?
Le processus s’est déroulé en deux étapes. Dans la première, en 2023, une consultation générale a été organisée avec tous les membres de l’Opus Dei sur les ajustements possibles aux statuts, à la lumière d’Ad charisma tuendum.
Avec ces suggestions, un projet a été préparé et présenté au Congrès extraordinaire convoqué à cet effet par Mgr Fernando Ocáriz en avril 2023.
Après la publication d’un second motu proprio en août 2023 (« Sur la modification des canons 295-296 concernant les prélatures personnelles »), une deuxième étape a commencé pour étudier d’autres ajustements. Le travail a consisté à former deux groupes d’experts, l’un du Dicastère pour le Clergé et l’autre de la Prélature de l’Opus Dei. Le modus operandi reposait sur deux prémisses : d’une part, l’obéissance filiale aux indications données par les autorités et, d’autre part, la protection du charisme de l’Opus Dei, comme l’a demandé le pape François dans l’introduction de Ad Charisma tuendum. Après une série de réunions d’étude et de travail de part et d’autre, la prélature a présenté une proposition de statuts avec les modifications nécessaires. De cette manière, et après les observations du Dicastère, il était prévu de travailler sur la proposition finale lors du Congrès ordinaire. Cependant, en raison du décès du Pape François, la tâche du Congrès a été réduite à procéder aux nominations correspondantes. Après l’élection du Pape Léon, suivant le processus prévu, le prélat, avec ses nouveaux conseillers centraux, a achevé la préparation des statuts proposés, qui ont été soumis au Saint-Siège le 11 juin. La prochaine étape est maintenant entre les mains des autorités du Siège apostolique.
Y aura-t-il des informations sur les statuts dans un avenir proche ?
Une fois les statuts approuvés par le Saint-Siège, le texte des statuts modifiés et de nombreuses informations seront disponibles sur le site web. Toutefois, la prélature ne peut naturellement pas donner de détails tant que les statuts n’ont pas été approuvés par le pape, qui est le législateur compétent. Il n’est donc pas prévu de communiquer publiquement la proposition finale de modification des statuts de l’Opus Dei, qui seront laissés directement entre les mains du Saint-Siège.
Quelle est l’importance de l’aspect juridique pour la vitalité de l’institution ?
La configuration juridique est importante dans toute institution de l’Église. L’Opus Dei peut être considéré dans sa dimension juridique et charismatique. L’un des objectifs de la loi est de sauvegarder le charisme et d’établir les meilleures conditions pour qu’il porte des fruits au bénéfice de toute l’Église, en contribuant à l’évangélisation sur la base des caractéristiques de son charisme.
Certains observateurs ont interprété la nouvelle réglementation sur les prélatures personnelles comme une réduction de l’influence. Qu’en est-il ?
La même question a été posée au pape François lors d’une interview dans un livre. Il a répondu : « Je ne suis pas d’accord. C’est une interprétation typiquement mondaine, étrangère à la dimension religieuse. D’une part, l’Opus Dei – qui est encore une prélature – n’est pas le seul à avoir connu une réorganisation au cours de mon pontificat. Je pense, par exemple, à Communion et Libération, à la Communauté de Sant’Egidio et au mouvement des Focolari. L’Opus Dei relevait de la Congrégation pour les évêques, mais il relèvera désormais de la Congrégation pour le clergé, comme c’est le cas pour les prélatures personnelles. Cela signifie que le rapport sur son travail ne sera plus quinquennal, mais annuel. Quant au fait que la personne à la tête de l’Opus Dei ne sera plus promue à l’épiscopat, la décision – comme l’indique clairement le décret – vise à renforcer une forme de gouvernement basée non pas tant sur l’autorité hiérarchique, mais surtout sur le charisme qui, dans le cas de l’Opus Dei, implique la recherche de la sanctification à travers le travail et les engagements familiaux et sociaux » (El pastor, Sergio Rubin et Francesca Ambrogetti, Ediciones B, mars 2023).
Ces dernières semaines, des rumeurs ont circulé sur un prétendu ultimatum et une lettre du pape Léon XIV. Qu’en est-il ?
Ces dernières semaines, des rumeurs ont circulé à propos d’un prétendu ultimatum et d’une lettre du Pape Léon XIV. En ce qui concerne un article de presse affirmant à tort que l’Opus Dei avait reçu une lettre du Pape Léon XIV en rapport avec le processus d’adaptation des statuts, nous avons déjà précisé que cela était faux. Le processus d’adaptation des statuts s’est déroulé sans interruption, dans un esprit constant de confiance et d’unité avec le Saint-Siège. Il a seulement été décidé de faire une brève pause pendant la période de vacance du Siège, par respect pour le moment. Lors de l’audience du Pape Léon XIV avec Mgr Fernando Ocáriz, le prélat a pu faire état de l’état d’avancement des statuts et de l’intention de les présenter dans un avenir proche.
Comment les éventuelles modifications des statuts peuvent-elles affecter les membres de l’Œuvre dans leur vie quotidienne ?
Nous pourrons connaître ces aspects lorsque le Saint-Siège publiera les statuts mis à jour, mais dans la vie quotidienne des membres, il s’agit précisément de sauvegarder les aspects essentiels du charisme.
Le motu proprio demandant ces changements est un appel à prendre conscience du potentiel du charisme de l’Opus Dei dans la mission de l’Église. Comme l’a dit le pape François, « selon le don de l’Esprit reçu par saint Josémaria Escriva de Balaguer, en effet, la prélature de l’Opus Dei, sous la conduite du prélat lui-même, accomplit la tâche de diffuser dans le monde l’appel universel à la sainteté, à travers la sanctification du travail et des devoirs familiaux et sociaux ». Puisque c’est l’autorité de l’Église qui rappelle cette responsabilité, les fidèles de l’Opus Dei seront poussés à approfondir toujours plus ce charisme et à discerner, à la lumière de l’Esprit Saint, comment l’incarner dans les nouvelles situations de notre monde.
Autres questions et réponses
Sur le motu proprio Ad charisma tuendum (voir ici)
Sur le motu proprio concernant les prélatures personnelles (voir ici)
