Mgr Rino Fisichella, organisateur du Jubilé 2025 © iubilaeum2025.va

Mgr Rino Fisichella, organisateur du Jubilé 2025 © iubilaeum2025.va

Mgr Rino Fisichella : Voir tous ces pèlerins prier à Rome, « cela donne une très grande impression »

Interview exceptionnelle du pro-préfet du Dicastère pour l’évangélisation et organisateur du Jubilé 2025

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Depuis l’ouverture de la Porte sainte en décembre dernier, le Vatican a déjà accueilli des millions de pèlerins de tous horizons. De nombreux évènements se succèdent depuis le mois de janvier, attirant toujours plus de fidèles venus prier et intercéder en cette année jubilaire.

Zenit – Le monde vu de Rome a interviewé Mgr Rino Fisichella, archevêque italien, pro-préfet du Dicastère pour la nouvelle évangélisation et organisateur du Jubilé 2025.

 

Zenit : Monseigneur, en cette année jubilaire, quelles impressions fortes retenez-vous depuis l’ouverture de la Porte sainte et le passage à Rome de tant de pèlerins ?

Mgr Rino Fisichella est pro-préfet du dicastère pour l'Évangélisation © iubilaeum2025.va

Mgr Rino Fisichella est pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation © iubilaeum2025.va

Mgr Rino Fisichella : Chaque jour, je pars de chez moi pour aller au Dicastère pour l’évangélisation et je dois traverser la Via della Conciliazione, près de la place Saint-Pierre. Je vois toujours beaucoup de pèlerins qui marchent, prient et passent la Porte sainte. Les touristes, les habitants de la ville, tous ceux qui sont là peuvent apercevoir la Croix du Jubilé et voir les pèlerins demander la grâce de l’indulgence plénière. Je dois dire que cela donne une très grande impression.

Ceux qui prient donnent un témoignage fort pour les autres et des questions peuvent surgir : Quel est le sens de ce monde en prière au cœur de la ville ? Qui sont et pourquoi ces personnes donnent ce témoignage ?… Cela devient une source d’évangélisation, une question qui touche avant tout le sens de la vie. Ce n’est pas par hasard qu’on ait donné au Dicastère pour l’évangélisation la tâche d’organiser et de célébrer les jubilés. L’évangélisation n’est pas une théorie : c’est un témoignage, une expérience vive de la transmission de la foi.

Jusqu’à aujourd’hui, on compte à peu près 11 millions de pèlerins qui sont venus ici à Rome pour vivre l’année jubilaire. Je dois dire que c’est un chiffre très significatif. C’est vrai que l’on a eu aussi deux événements importants : les funérailles du pape François et l’élection du nouveau pape Léon XIV.

Zenit : Que pouvez-vous dire sur l’importance de la démarche jubilaire et comment réagissent les pèlerins ?

Ceux qui prient donnent un témoignage fort pour les autres © iubilaeum2025.va

« Ceux qui prient donnent un témoignage fort pour les autres » © iubilaeum2025.va

Mgr R. Fisichella : L’expérience de la joie est essentielle. On voit des pèlerins qui marchent et prient dans la joie, très heureux d’être dans la ville de saint Pierre et saint Paul pour vivre le Jubilé. On leur donne un papier, une aide pour prier : cela est très utile parce que leur chemin devient alors un chemin de prière. Et une fois qu’on est à l’intérieur de la basilique Saint-Pierre ou des autres basiliques papales comme Saint-Paul-hors-les-Murs, Sainte-Marie-Majeure ou Saint-Jean-de-Latran, on fait alors notre profession de foi.

Professer sa foi au tombeau de Pierre signifie donner un témoignage, vivre une expérience unique là où l’apôtre Pierre a témoigné de sa foi dans le Seigneur crucifié et ressuscité. Chacun prie aussi pour le Saint-Père, le successeur de Pierre, celui qui a la tâche d’unifier l’Église, qui rend témoignage de la Résurrection du Christ et de l’espérance.

N’oublions pas que le Jubilé doit être vécu à la lumière du thème « être pèlerin d’espérance ». Je dirais encore plus, si on veut garder le thème originel : « Pèlerin dans l’espérance ». Confirmer notre foi en ce lieu sera une source concrète de charité et d’espérance pour les croyants.

Zenit : Quels ont été les évènements jubilaires les plus marquants jusqu’à présent ? 

Mgr R. Fisichella : Je dois dire qu’il y a eu des événements très significatifs. Je pense au Jubilé des adolescents, où on a reçu plus de 200 000 jeunes qui étaient ensemble pour vivre une expérience de joie, même le jour des funérailles du pape François.

Logo du Jubilé 2025  © paoline.org

Logo du Jubilé 2025  © paoline.org

On ne peut pas oublier non plus le Jubilé vécu par les familles, où on a vu un nombre vraiment consistant de pèlerins. Ou bien le Jubilé des mouvements, des associations et des nouvelles communautés où encore une fois, la place Saint-Pierre n’était pas suffisamment grande pour accueillir tous les participants !

D’autres évènements n’ont pas eu un nombre de personnes aussi important, mais ont été des moments marquants. Je pense au Jubilé des fanfares et du spectacle populaire, ou au Jubilé des malades et des personnes handicapées. 

Je dois dire aussi que lors du Jubilé des familles, nous avons vécu une expérience très importante appelée « Dialogue avec la ville » : nous étions présents sur différentes places connues de la ville de Rome pour présenter le sens du jubilé et donner des témoignages.

Zenit : Et quels autres moments majeurs attendez-vous d’ici la fin de l’année ?

Mgr. R. Fisichella : Ce que j’attends dans la continuité, sans doute, ce sera le Jubilé des jeunes à Tor Vergata qui rappellera le grand Jubilé de l’An 2000. On attend presque un million de personnes, et cela sera un événement qui va toucher la vie même de l’Église, grâce à l’enthousiasme que les jeunes vont vivre tous ensemble.

Mais on aura aussi le Jubilé des catéchistes, très important parce que le catéchisme continue d’être dans notre communauté catholique un moment essentiel de la transmission de la foi. On ne peut également pas oublier le Jubilé des séminaristes, des prêtres, des évêques. On aura ici à peu près 400 évêques qui vont vivre tous ensemble leur expérience du jubilé en écoutant la catéchèse du Saint-Père.

Au cours de cette année jubilaire, nous vivrons aussi d’autres événements majeurs comme la canonisation le 7 septembre de deux jeunes, Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati, qui ont vécu une expérience de sainteté et qui encouragent les jeunes d’aujourd’hui à suivre leur exemple. 

N’oublions pas que dans tous les jubilés du siècle passé, on a toujours eu des canonisations symboliques. En 1950, Pie XII a canonisé sainte Maria Goretti, une jeune fille martyre. Saint Jean-Paul II a canonisé sainte Faustine comme signe de la miséricorde, et le pape François a canonisé Mère Teresa, un autre signe concret de la miséricorde de Dieu. 

Zenit : Comment avez-vous vécu la mort du pape François et l’élection du pape Léon XIV ?

Mgr R. Fisichella : La mort du pape François a touché l’Église entière. Nous étions tristes de voir ce pape si proche du peuple de Dieu s’en aller, sans que l’on s’y attende. Mais bien sûr, le Jubilé a continué son chemin, et cet évènement a permis de le vivre d’une manière différente. La tristesse s’est transformée en joie : une joie qui vient de l’espérance chrétienne.

80 000 personnes au Jubilé des mouvements, associations et communautés nouvelles autour du pape Léon XIV ©  iubilaeum2025.va

80 000 personnes au Jubilé des mouvements et communautés nouvelles ©  iubilaeum2025.va

J’ai rencontré plusieurs fois le pape Léon XIV. Lors de la première audience avec lui, nous devions confirmer ou faire des changements concernant l’organisation du Jubilé. Mais le Saint-Père a écouté avec sa bonté et a décidé de confirmer presque tous les événements. Il a aussi souhaité continuer les choses comme le pape François les avait décidées. 

Je dois dire également que l’enthousiasme suscité par l’élection du pape Léon XIV a vu le nombre de pèlerins augmenter ! Et on peut voir combien de pèlerins rejoindront le Jubilé et combien encore sont attendus parce qu’ils ont le désir d’écouter et de voir le nouveau pape.

Zenit : Quel regard portez-vous sur l’avenir de l’Église après l’année jubilaire, et comment va-t-elle continuer à accompagner dans l’espérance ces millions de pèlerins ? 

Mgr R. Fisichella : Je dois dire que, pour le moment, nous sommes vraiment engagés dans les six prochains mois avec les nombreux événements et engagements auxquels il faut donner une réponse. Mais je suis sûr qu’ensuite, on aura une réflexion plus intense sur le thème de l’espérance. Dans notre expérience pastorale, nous aurons la possibilité de souligner d’une manière encore plus forte la nécessité de l’espérance.

Et on ne peut pas oublier ce qui est nécessaire dans la vie de l’espérance, c’est-à-dire passer « des espérances » qu’on vit chaque jour à « l’espérance ». Nous allons vivre plusieurs désillusions parce que « les espérances » promises par la culture d’aujourd’hui sont très loin d’être accomplies. Et il faudra voir d’une façon plus forte et plus profonde « l’espérance » chrétienne.

 

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Anne van Merris

Journaliste française, Anne van Merris a été formée à l'Institut européen de journalisme Robert Schuman, à Bruxelles. Elle a été responsable communication au service de l'Église catholique et responsable commerciale dans le privé. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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